Charges et poudre noire

CHARGES VOLUMIQUES DE POUDRE NOIRE



Propos sur les charges volumiques de poudre noire utilisées dans les armes longues se chargeant par la gueule.



Poudre noire et rayures des canons.

Globalement tout a été déterminé au cours du 19 ème siècle en fonction des trois poudres alors existantes.

La poudre vive utilisée pour les canons rayés au pas de 1 tour pour 48 inches.

Le calibre de ces canons étant compris entre le 32 et le 45.

La poudre ordinaire utilisée pour les canons rayés au pas de 1 tour pour 56 à –60 inches. Le calibre de ces canons étant compris entre 50 et 54.

La poudre à mousquet utilisée pour les canons rayés égaux ou supérieurs au 58, le 62 étant un maximum. Le pas des rayures est plus lent. Il est généralement admis entre 1 tour pour 66 à 70 inches.

Les calibres supérieurs utilisant des balles sphériques étant majoritairement à âme lisse. Notre bon 1777 en calibre 69 par exemple.

Il est à noter que pour les armes anciennes d'origine il y a toute une panoplie de calibres intermédiaires avec des pas de rayures différents d'une arme à l'autre. Ce qui n'est pas anachronique et n’ en fait pas pour autant de mauvaises armes. L a standardisation n'ayant pas toujours raison de tout.

En synthétisant on peut dire que les calibres 50 à 54 sont à cheval sur les trois types de poudre. La poudre ordinaire et celle à mousquet étant bonnes. La poudre à mousquet encrassant beaucoup et donnant de basses vitesses. L’ utilisation de doses réduites de poudre vive peut être un remède à l’ encrassement mais en contre partie l’ exactitude optimale est difficile à atteindre.

Par contre il faudra être très prudent dans l’ utilisation de poudre vive en utilisation limite supérieure, celle-ci usant le canon extrêmement vite. Une centaine de coups suffiront.

Pour assimiler cela il faut considérer le grain de poudre noire comme étant une forme de surface propulsive inflammable.

Aussi en se referant aux données techniques des fabricants on remarque qu’ à charge volumique égale, la surface propulsive de la poudre noire vive est 1,4 fois plus grande que celle de la poudre noire ordinaire. Or si à charge volumique égale les deux poudres vont donner la même somme d’ énergie, la poudre vive le fera dans un laps de temps plus court. Ceci s’ expliquant par une période plus courte d’ élévation de pression et d’ accélération du projectile.



Comprendre ce qui se passe à l’ intérieur du canon.

Pendant la mise à feu la charge de poudre noire commence à produire un grand volume de gaz chauds qui incluent des particules de matière.

L’ inertie provoque un léger retard à la réponse du projectile par rapport à l’ augmentation de pression. Les gaz chauds commencent à couler autour de la balle.

Quand le projectile commence son accélération celle-ci n’est pas constante.

Les graphiques montrent deux courbes d’ accélération différentes. La ligne droite qui est souvent vue dans les calculs balistiques et celle, plus représentative de la réalité, la courbe paresseuse ou inclinée dite aussi courbe en " S ".

Au début de l’ accélération le projectile n’ est pas en contact avec l’ alésage du canon. L’ obturation se fera différemment suivant le type de poudre utilisée.

Avec de la poudre vive, l’ obturation de l’ alésage par le projectile se produira après 5,8 à 6,3 cm. de course.

Avec la poudre à mousquet cette même obturation ne se produira qu’ entre 10 et 11,4 cm.

C’ est la résistance du projectile à aller vers l’ avant qui permet le contact entre celui-ci et le canon.

Avant l’ obturation du canon les gaz brûlants coulent autour du projectile à vitesse très élevée. Quand l’ obturation est terminée il y a baisse de pression, et c’ est à ce moment là que commenceront à se produire les dépôts. C’ est pendant cette période que calepin et canon sont soumis à l’effort mécanique et à l’ abrasion.

L’ explication rationnelle est de dire que le projectile avance sur une mince couche de gaz brûlants jusqu’ à la complète obturation. Comme le projectile commence à accélérer à une vitesse croissante, la différence des vitesses relative diminue. L’ action érosive des gaz est plus importante au niveau ou le projectile est en contact avec la poudre. Au contraire, pendant que le projectile accélère l’ action corrosive diminue.

L’ alésage du canon se dégrade donc plus au niveau du tonnerre qu' au niveau de la gueule, la précision devient moins bonne, et la réponse du tireur est de diminuer le jeu alésage / projectile par l’ interposition d’ un calepin plus épais.

Mais le problème ne sera résolu que passagèrement puisqu’ il sera difficile d’ obtenir une bonne obturation dans un canon qui à besoin d’ un projectile plus gros que l’ alésage le plus petit.

La cadence à laquelle l’ alésage du canon se détériore est lié à deux facteurs essentiels.

L’ utilisation de fortes charges de poudre à grains fins et les problèmes d'oxydation du canon par la combustion de la poudre, plus particulièrement l' oxydation après un mauvais nettoyage.

Un canon bien traité peut tirer des milliers de fois, à l’ inverse, un canon utilisant de la poudre fine sera hors d’ usage en une centaine de coups.



Etude pour lire l’ obturation.

La plus part des tireurs n’ ont aucun souci, jusqu'à ce qu’ ils récupèrent des calepins troués ou brûlés. Ceci est parfois mis sur le compte d’ un chargement approximatif ou une panne de lubrifiant. Mais au premier dommage du calepin le tireur devrait commencer par regarder comment son arme est chargée, regarder la matière du calepin, son épaisseur, le type de lubrifiant utilisé, le diamètre du projectile, le volume de la charge et la granulation de la poudre.

Quand on enveloppe une balle avec un calepin en coton du commerce on peut remarquer que certains fils qui forment la texture du tissus se trouvent en direction de la trajectoire de la balle. A contrario on à donc aussi des fils qui sont à la perpendiculaire de la trajectoire.

Les fils en direction de la trajectoire sont sujets à moins d’ abrasion et de détérioration que ceux qui sont perpendiculaires à la sortie du projectile et qui eux sont soumis à la pression des gaz chauds, à une usure et une détérioration plus importante. Ces fils de coton sont détériorés. Le premier signe évident d’ un fuite de gaz importante est le nombre de ces fils détériorés perpendiculairement à la direction du projectile.

Si l’ on observe de près ces fils de tissus avec une loupe à fort grossissement, on s’ aperçoit que ceux-ci sont duveteux.

Lorsque la fuite est importante les fils duveteux perpendiculaires à la trajectoire seront carbonisés ou brisés, ceux allant dans le sens de la trajectoire du projectile seront pelés ou exempts de duvet.

En observant et en discutant avec des tireurs du mauvais usage des dosages et des types de poudre il m' est apparu que ce qui pourrait passer pour une méconnaissance ou une insouciance du tireur serait inexacte.

Le laisser aller apparent serait plutôt lié au faible prix des copies industrielles européennes ce qui n' est pas, à proprement parler, une motivation à un bon entretien.

Pour s' en persuader il faut savoir que le prix d' un bon canon d' outre atlantique, qui est la- bas un investissement normal, a un coût qui peut dépasser de deux fois celui d' une de ces copies prêtes à l' emploi.

Aussi, un tireur bien équipé, possédant un canon bien étoffé et bien rayé sera grandement gagnant , sera plus attentif et aura en retour la belle récompense de la fiabilité et de la longévité.

LONGRIFLE